Fâcheries et engouements

Fâcheries et engouements

dimanche 8 février 2015

Le film "Iranien", un pas vers le dialogue

Ce week-end, aux Lumières à Nanterre, dans le cadre de l'Agora Philo (qui ouvre l'année sur le thème de la démocratie), projection du film, du réalisateur iranien Mehran Tamadon, suivie d'un débat sur le thème "Quelle laïcité pour vivre ensemble ?", animé par P. Gatignon, enseignant à l'Université populaire des Hauts-de-Seine. 
Soirée dense et passionnante qui me motive pour reprendre le blog... après huit mois de silence.

Une rencontre improbable

Mehran Tamadon, iranien et athée, vit en France depuis des années. Il est retourné dans son pays pour ce projet qui lui tenait à cœur : réunir des mollahs (les quatre qu'il a convaincus de venir se trouvant être de la frange la plus extrémiste) dans sa maison de famille près de Téhéran. Pendant deux jours, il leur propose de cerner avec eux l'espace possible commun, de définir ensemble leur commune notion de la laïcité. 
Les hommes se retrouvent pour des heures d'échanges, entre défense de leurs convictions et plaisir de la joute oratoire (sans doute une spécificité orientale ?).


Parler pour mieux se comprendre

Deux conceptions radicalement opposées s'affrontent sur les tapis persans de la grande salle. Néanmoins, la forme de l'échange est au dialogue et à l'écoute. Un mollah pouvant adopter une position plus nuancée que ses collègues, reconnaître certains éléments comme possibles, Tamadon faisant lui aussi des concessions. On frémit de voir mises en mots les raisons de la discorde, on y croit presque. Et si se parler nous aidait vraiment à nous entendre ?
 

Dialogue de sourds ?


Il y a bien échange, mais l'espace dédié à la laïcité reste figé et l'impression qui reste est que les marques n'ont pas bougé, que chacun est cantonné sur ses positions. Tamadon se fait traiter de dictateur laïc... et, pour les mollahs, il apparaît généralement que de nombreux éléments du comportement des hommes (et des femmes) reposent sur des quasi-dogmes : La femme doit être cachée sous le voile pour ne pas tenter l'homme... qui lui ne peut résister, - tout le monde sait ça - c'est ainsi, presque un fait scientifique. D'ailleurs, la science est souvent invoquée pour justifier les prises positions les plus obscurantistes. 

Retrouver l'espace de la laïcité

Il ressort que la démarche du réalisateur est vraiment intéressante : Ne devrait-on pas plus se parler pour mieux s'accepter dans nos différences ? C'est d'ailleurs l'idée de la laïcité - notion si malmenée par les temps qui courent -, bien celle d'un État qui se sépare clairement des Églises (loi de séparation de 1905). Pas de mélange, mais une liberté de chacun d'exercer ou non le culte de son choix dans les limites des lois de la République. À nous d'appliquer ce précepte, sans aucune discrimination. Les quatre mollahs du film, eux, en sont encore bien loin.

Iranien de Mehran Tamadon, présent pour débattre de son film.

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