Fâcheries et engouements

Fâcheries et engouements

dimanche 20 octobre 2013

De l'importance des rites pour grandir

Plus je vieillis, plus je prends conscience de l'importance des rituels pour marquer les passages de la vie, comme autant de paliers pour s'appuyer et rebondir vers une nouvelle étape. 

Des rituels tout au long de la vie
L'école nous fournit de belles occasions de jalonner notre vie par des actes marquants qui font grandir, mûrir ou vieillir. Ainsi, l'entrée en maternelle, le passage dans un nouveau cycle, l'obtention du brevet, jusqu'à l'entrée dans la vie active...
La vie personnelle et familiale bien sûr est aussi riche en occasions de marquer d'une pierre certains passages de notre vie : la première dent qui pousse, puis la première qui tombe, le passage du siège-auto au rehausseur, puis le droit d'être assis à côté du chauffeur, les premiers pas, les premiers mètres à vélo ou à la nage... Et ce, inéluctablement, du début à la fin de notre existence, chacun ayant le choix de "ritualiser" à sa façon, plus ou moins, selon sa religion (ou pas) ou son goût pour les cérémonies.

Des étapes structurantes
Dans tous les cas, c'est un pas vers l'autonomie qui est fait et c'est d'autant plus marquant que ce passage est accompagné d'un rituel.
Mes filles ont vécu ces étapes de diverses façons, parfois magistralement, d'autres fois complètement à côté de la plaque.
Lorsque ma fille aînée était au CM2, il y a eu une fête pour tous les élèves de ce niveau pour sceller la fin de l'élémentaire et le passage au collège, avec un petit spectacle, un goûter je crois. Les parents étaient là, les instits aussi et le directeur avait fait un discours pour marquer ce passage et tourner les enfants vers leur propre avenir. C'était simple et solennel à la fois. Essentiel.
Pour ma part, je me souviens d'un professeur de français au collège qui, à la suite d'une visite au Louvre avec ma classe, avait donné à chaque élève une carte postale de La Victoire de Samothrace avec quelques mots écrits au verso pour chacun sur l'envol vers l'ailleurs et la construction de sa propre vie. Bien sûr, à l'époque, nous avions trouvé ça un peu curieux, un peu kitch, incapables de saisir la symbolique de ce message ! Mais j'ai gardé la carte longtemps et j'y repense souvent...

Occasions ratées
Je suis agacée de voir que ceux qui sont censés accompagner nos jeunes manquent parfois complètement cette occasion, faillissent à leur rôle de passeur...
Le lycée où mes enfants ont passé leur bac organise une matinée réception des diplômes au mois de septembre, pour les bacheliers de l'été. L'occasion de mettre un point final à cette étape de la vie étudiante, avant que chacun parte dans sa direction. Je trouvais ça chouette, imaginant presque une cérémonie (que l'on raille en France, mais n'ont-ils pas raison ?) à l'américaine...
Et bien non... Trop compliqué à organiser sans doute. 
Pas de grande salle, pas de discours ni retrouvailles avec toutes les terminales. Pas de cacahuètes ni de remise officielle. Pas de tambour ni de trompette...
Les élèves sont convoqués une heure par groupe de deux ou trois classes, dans le hall du lycée, avec du personnel administratif ou un surveillant pour leur remettre leur morceau de papier (le diplôme en perd même de son prestige) contre une signature en face de leur nom sur la liste.
Pas un mot, peu de profs, pas de proviseur ni son adjointe, aucune main serrée.
Un rendez-vous manqué.
Un sens pas trouvé. En tout cas pas au lycée à cette occasion.
Ceux qui ont la responsabilité de guider nos jeunes durant ces années lycée ratent vraiment un truc.

Du sens trouvé là où ne l'y attend pas
Journée d'appel, à Versailles, l'année des 18 ans. Rassemblement où les jeunes vont en traînant des pieds, goguenards de ne pas se laisser embrigader par l'un ou l'autre corps d'armée. Eh bien, apparemment, on peut y trouver des officiers capables de parler profondément de la citoyenneté, de l'engagement de chacun, du libre arbitre. Quoi de plus structurant ?

1 commentaire:

  1. Jacques Veniel Tout a fait d'accord - même si je l'oublie moi-même souvent - avec ce que tu écris sur le rôle des rites et celui du passeur..Les rites même parfois surannés,permettent même aussi de réunir une communauté au delà de ses différences et ses désaccords...et donc de donner a réfléchir même si la cérémonie se dissout vite même si elle provoque parfois un sentiment de "corvée" a accomplir...

    RépondreSupprimer