Fâcheries et engouements

Fâcheries et engouements

jeudi 18 juillet 2013

Histoires de familles

Deux coups de cœur. Un livre conseillé par une de mes collègues et un film recommandé par ma fille aînée. Les deux questionnent et visitent le lien parent-enfant(s) : Jusqu'où ce lien protège-t-il (le livre) ? Où commence-t-il (le film) ? Deux propos abordés différemment, mais que je vous encourage à découvrir.
La mère et l'enfant

Room
Roman d'Emma Donoghue

Jack et sa mère vivent dans une petite chambre. 
Leur vie se résume à ces quatre murs, et l'on découvre au fil des pages la nature du drame qui s'est joué (et se joue encore) dans ce lieu clos.
L'enfant nous décrit le monde tel qu'il est pour lui, son petit monde. 

Dans leur microcosme, rien n'existe d'autre qu'eux et la chambre.
Tout est petit, réduit, a minima et la mère a inventé pour son fils un univers à leur mesure, entre jeux et rituels. 
Elle l'a couvé d'un amour sans faille et protecteur (que j'ai pris pour emprisonnant au début du livre), lui a tout appris, l'a initié à de nombreux mystères.

Puis, c'est la sortie.
Et le réapprentissage pour elle, l'apprentissage pour lui. Tout est à concevoir autrement. Effrayant pour Jack de se trouver confronté avec le "dehors". 
La chambre lui semble alors presque rassurante.
Avec Jack qui apprend notre monde, nous mesurons l'étendue de nos références, des valeurs dont nous nous sommes imprégnés au fil des années.

Jack, lui, est vierge de tout cela, pénétré seulement par la culture insufflée par sa mère.Tout ce que nous percevons depuis notre naissance est inconnu pour ce petit garçon de cinq ans : la rue, les étoiles, l'abondance, les gens..., tout lui est étranger.
Ce qu'il découvre dehors est pour lui comme une visite dans une autre époque ou une mise en contact avec une culture différente de la sienne. Il aborde sa nouvelle vie avec un grand courage... 

Je suis exprès restée vague sur certains éléments de cette stupéfiante histoire inspirée d'un fait divers, pour ne pas trop en dire. Un conseil : ne lisez pas pas la 4e de couverture.
 
Un père et ses enfants
Starbuck
Comédie québécoise de Ken Scott, avec Patrick Huard

Non, ce n'est pas un docu sur cette chaîne de restauration rapide si chère à nos jeunes..., mais un film québécois, qui nous enchante, nous autres Hexagonaux, par l'accent et les expressions de nos cousins américains. Starbuck aborde par le biais de la comédie la question des origines. Comment se structure-t-on si on ne connaît pas l'un de ses parents ? Que l'on soit là grâce à un don de sperme, une mère porteuse, adopté ou si notre naissance est entourée de mystère, la recherche des origines est une question qui en touche plus d'un.

David a donné du sperme lorsqu'il avait 20 ans, sous le pseudo de "Starbuck".
Plus de 500 fois. 
Pour se faire de l'argent (vous comprendrez pourquoi).
142 de ses "enfants" fondent une association pour retrouver leur géniteur (142 jeunes adultes un peu sur le même modèle ; la scène du camp au bord du lac où ils se rassemblent est vraiment très drôle !). 
David, la quarantaine, mène une vie plutôt peinarde. Il est sympa, mais assez irresponsable.
Être père 142 fois, cela lui tombe dessus au moment où sa copine lui annonce qu'elle est enceinte.
Et là, il est vraiment concerné.
Il essaie alors de découvrir qui sont ces enfants et tisse un lien avec certains d'entre eux.

Comédie légère et un brin absurde, le film est drôle et intéressant à la fois, même si un peu caricatural (l'ami avocat qui élève seul ses 4 enfants, la compagne flic super rigide, la boucherie familiale et la famille d'hommes...).

La curiosité qui entraîne David au début à vouloir savoir qui sont ces enfants - dont il est l'auteur presque involontaire - réveille en lui un certain instinct de paternité, en tout cas une capacité d'écoute et de partage avec tous ces jeunes et il semble enfin prêt à assumer la naissance à venir.


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