Où il est question de sécurité...

Vraiment, le discours sécuritaire fait des ravages...

Cette semaine, j'ai vu un truc incroyable, tellement incroyable que je n'en suis pas encore revenue...

Figurez-vous que que je faisais des courses dans la petite ville de banlieue où habite ma mère. Jusque là, rien de spécial, me direz-vous ! (Mais où veut-elle en venir ?)...

Dans une boulangerie, donc, après avoir demandé ma baguette à la vendeuse, je me dirige vers la caisse et là je reste interdite (coite quoi !) : plus de caissière à proprement parler, mais un énorme boîtier noir avec une fente dans laquelle je suis invitée à introduire mes pièces puis, dans la foulée, à récupérer dans le réceptacle prévu à cet effet, ma monnaie éventuelle ; en cas de billet, la caissière (car, si si, elle existe !), qui tape le montant de l'achat, prendra délicatement la coupure entre deux doigts et l'introduira dans la fente (une autre ! située de son côté) prévue à cet effet.

Le motif de cette brillante installation ? Les attaques et autres braquages bien sûr ! Les boulangeries, c'est le Farwest, vous ne saviez pas ?  La boulangère prend la forme d'une caisse enregistreuse-coffre-fort dont le contenu est transporté régulièrement dans les fourgons bancaires. C'est propre et sans bavure.

Vive les commerces de proximité !  

Bien sûr, c'est horrible de se faire attaquer. Les pharmaciens et tous les commerçants des zones dites sensibles en savent quelque chose (pourtant ce n'est pas le cas du quartier de ma boulangère), mais a-t-on raison d'adopter de telles solutions ? On s'était habitué tant bien que mal à la vidéo surveillance dans les parkings, à des immeubles avec 36 codes et des écrans partout pour rentrer, à des voitures sans clés, à faire des achats en ligne pour ne pas avoir à se déplacer et gagner du temps, mais un flic derrière chaque baguette, non !

En tout cas, c'est le début de la fin du lien social qui subsistait encore un peu dans le contact avec les petits commerçants. 

Ça me fait penser à la pub crapuleuse de La Poste se vantant du nombre incroyable d'usagers qui plébiscitent sa nouvelle organisation... Non, mais de qui se moque-t-on ?, où sont-ils ces gens, j'y crois pas une seconde ! Dites-moi ce que vous trouvez de positif dans ce système de libre-service, où l'on ne sait pas où se diriger et où les postiers sont réduits à l'état de planton (non madame, par ici, dans le présentoir, puis sur la balance, pas là, merci...).

Le meilleur des mondes

Peut-être que c'est une mesure "hygiénique" et  l'intérêt est que les vendeuses ne se salissent plus les mains en touchant l'argent (beurk) et puis elles n'ont plus à savoir compter, c'est la machine qui fait ça pour elles. Ont-elles conscience ces vendeuses que, à terme, avec cette machine, c'est peut-être leur boulot qui est en cause ? À ce train-là, qui sait si ce n'est pas un robot qui  bientôt nous vendra chouquettes et pain complet ? Cooool !

Ce soir, en rentrant , dans un immeuble à côté de chez nous, une petite mamie qui avait laissé sa fenêtre d'appartement ouverte pour aérer un peu s'est faite attaquer par trois jeunes qui lui ont piqué tout ce qu'elle avait de valeur, heureusement sans lui faire de mal... Les trésors d'une vie envolés en un instant.

Cet acte est inacceptable, les responsables doivent bien sûr être appréhendés et la société doit apporter protection aux citoyens que nous sommes, tous - toutes les mamies, toutes les boulangères... -, mais celle-ci ne peut pas passer par un arsenal de mesures sécuritaires, toutes plus débiles les unes que les autres.

J'avoue (comme disent les jeunes), ces deux histoires me font ce soir un drôle de goût dans la bouche...