Fâcheries et engouements

Fâcheries et engouements

lundi 25 avril 2011

Première du monde


Ma plus jeune fille est fan de poésie et m'a fait découvrir ce bijou du surréalisme de Paul Eluard dédié à son grand ami Picasso.
Vraiment merci !


Captive de la plaine, agonisante folle,
La lumière sur toi se cache, vois le ciel :
Il a fermé les yeux pour s'en prendre à ton rêve,
Il a fermé ta robe pour briser tes chaînes.
Devant les roues toutes nouées
Un éventail rit aux éclats.
Dans les traîtres filets de l’herbe

Les routes perdent leur reflet.
Ne peux-tu donc prendre les vagues
Dont les barques sont les amandes
Dans ta paume chaude et câline

Ou dans les boucles de ta tête ?
Ne peux-tu prendre les étoiles ?
Écartelée, tu leur ressembles,
Dans leur nid de feu tu demeures

Et ton éclat s’en multiplie.
De l’aube bâillonnée un seul cri veut jaillir,
Un soleil tournoyant ruisselle sous l’écorce.
Il ira se fixer sur tes paupières closes.

Ô douce, quand tu dors, la nuit se mêle au jour.


Paul Éluard (1895 - 1952) ,
Capitale de la douleur

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