Habemus papam : ou comment assumer la responsabilité d'être pape ?

Un pape est appelé à régner...*

Vu Habemus papam de Nanni Moretti. Ne savais pas trop à quoi m'attendre, n'étant a priori pas très sensible au tralala entourant le Vatican. Eh bien, c'est précisément ce qui m'a plu dans ce film : les rituels préludant à l'élection d'un pape, la valse des Gardes suisses, un folklore incroyable ! Et puis l'immense détresse de celui qui a été choisi...

Fumée blanche au-dessus du Vatican

Nous voici enfermés avec les cardinaux, tous plus anxieux les uns que les autres d'être choisis par leurs condisciples... Après plusieurs tours de vote et dans l'impatience de la foule amassée devant Saint-Pierre de Rome, un cardinal est élu, enfin. 

Le pape ne répond pas...

Seulement voilà, Melville, le nouveau pape, interprété magistralement (pathétiquement plutôt) par Michel Piccoli, ne se sent pas à la hauteur de cette immense charge. S'ensuit une errance un peu absurde du souverain pontife pour fuir ce ministère qu'il n'a pas la force d'assumer, mettant le monde catholique (1 milliard d'habitants de notre planète, tout de même) devant une situation inédite et angoissante. Moretti, dans le rôle du psychanalyste du pape donne un peu de légèreté à cette tragédie.

Un doute si humain...

Ne pas se sentir la force d'assumer un rôle, de vivre une situation imposée, de parler en public, de monter sur scène, d'avouer une erreur, de devenir mère (ou père), de tenir tête à une classe (à un ado en pleine rebellion), de gérer une équipe, de donner son avis face à un supérieur... La liste des choses que nous n'arrivons pas à dire, à faire, à assumer... est longue. Et cela nous arrive à tous. La plupart du temps, il y a "plus de peur que de mal" et l'on s'en sort, mais parfois le cap est infranchissable, laissant à celui qui ne peut assumer une grande culpabilité et un goût amer d'échec, qu'il faut parfois une vie à gommer.

* pour ceux de ma génération : ..."araignée" ? Quel drôle de nom ! Pourquoi pas "libellule" ou "papillon" ? j'en vois un là-bas qui n'a pas compris ! Recommençons encore...