Fâcheries et engouements

Fâcheries et engouements

samedi 15 octobre 2011

Quand le cinéma nous emmène loin...

Deux films ces derniers temps m'ont bousculée et donné à réfléchir. Ils ne m'ont pas - mais alors pas du tout - laissé indifférente.  

D'abord, Mélancholia de Lars Von Trier, débutant par une suite de tableaux poétiques mais inquiétants, évoquant la suite du film : la rupture du mariage de Justine et Michael, deux êtres magnifiques, à cause de la "fragilité" de Justine - la lumineuse et blonde Kirsten Dunst - qui sent les choses, les pressent tellement fort que cela l'empêche de vivre. Pour la soutenir, sa sœur Claire - la sensible et diaphane Charlotte Gainsbourg - qui prend en charge les siens et veille sur eux - Justine, son mari (Kiefer Sutherland, alias Jack Bauer, trop bizarre de le voir hors contexte !) et leur fils. 
Ensuite, l'imminence du passage de la planète Mélancholia à proximité de la Terre fait tout basculer : tout va finir peut-être, tout a une fin, tout cela n'est rien. Justine qui était en plein marasme intérieur se renforce - car elle "sait," et Claire qui portait tout s'effondre, tant elle a peur de mourir, elle et les siens, écrasés par la planète. Du drame psychologique, on se déplace dans une ambiance irréelle de fin du monde : aux couleurs irisées, presque silencieuse. L'angoisse de Claire est mise à nu, accentuée par des plans très rapprochés sur ses pleurs, son visage tiré et cerné, avec une proximité telle qu'on est projeté dans la réalité de cette fin du monde, de ce film étrange qui marque l'esprit longtemps après.

J'ai vraiment aimé l'autre film, La Piel que habito de Pedro Almodovar. Il va ici "au bout du bout"... Il explore les deux faces de l'être jusqu'au tréfonds. Comment, un chirurgien esthétique, emporté par son art de transformer les corps, aveuglé par sa souffrance, son désir de vengeance, se retrouve pris à son propre piège ? Le spectateur est baladé d'une facette d'un personnage à une autre, tentant de comprendre. Quand on pige où Robert (Banderas incroyable) nous emmène, on se dit qu'Almodovar y va fort, très fort. Il continue d'explorer l'identité sexuelle, plus loin que le juge travesti de Talons aiguilles, que le transsexuel qui a séduit soeur Rosa (Pénélope Cruz) dans Tout sur ma mère, ou que Benigno, l'infirmier qui abuse de sa malade dans le coma dans Parle avec elle. Ici, Almodovar orchestre un film parfait, un vrai thriller esthétique où le geste artistique et la chorégraphie vont se nicher jusque dans les gestes du chirurgien, accompagné par la voix rauque  de Concha Buika. Magnifico !

(Je m'arrête, car il y a trop à dire, allez-y, vous verrez, on met du temps à s'en remettre de ces deux-là !)

2 commentaires:

  1. bravo maman !!! quel bel article! et ce que tu dis est très intéressant! :) tu vois que c'était pas si mal "melancholia" , il fallait juste y repenser au calme pour comprendre la subtilité ... même si c'est dur et pas toujours très clair moi ça m'a plutot plus!

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  2. Toujours pas Melancholia mais un grand coup de coeur pour La piel que habito ; nous sommes sortis KO de la salle, sous le choc, voir choqués : Au delà du thriller et de cette histoire de vengeance qui est un prétexte, Almodovar nous interroge et fait voler nos repères ; est-ce visionnaire en tout cas révélateur de là ou nous pourrions aller avec et sans clin d'oeil. Toute les ambiguïtés de la vie,
    A bientôt pour une prochaine toile,
    Sabine

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